jeudi 15 octobre 2009

Nancy

Morceau à sélectionner: Prelude - The Cinematic Orchestra

"Il va nous revenir avec une aquarelle de la place Stanislas ou des esquisses de façades art-nouveau, c'est sûr!", vous êtes-vous peut-être dit. En tout cas ceux qui savaient que j'y allais.
Et bien non. Je ne suis resté qu'une matinée seul et j'ai beaucoup marché afin d'en découvrir un maximum sur cette ville que je ne connaissais pas. L'alternance de pluie et d'éclaircies et le froid m'empêchaient de rester au même endroit trop longtemps. Malgré tout j'ai pu faire un portrait. Et oui, mais de qui?
J'ai fait une rencontre qui m'a beaucoup touchée dans le parc de la pépinière avec un vieux chimpanzé. Il s'appelle Jojo, il a 58 ans (je le sais après avoir effectué une recherche sur internet). Tout d'abord assis me tournant le dos, seul dans sa cage, les idées probablement engourdies par l'heure matinale, immobile, il est ensuite venu à notre rencontre - une petite famille venait de me rejoindre. Après un bref regard inquisiteur il est allé se percher sur sa montagne factice, presque à l'abri des regards. Après être redescendu pour se dégourdir à nouveau les membres, il est reparti dans son antre sur laquelle on avait une vue imprenable en faisant le tour par derrière grâce à une grande baie vitrée. Absolument aucune intimité. Sur les côtés, les plaquettes habituelles sur le mode de vie de l'espèce illustrées de photos. C'est alors que j'ai été envahi d'amertume et de pitié pour cette pauvre créature. Car ces photos représentaient des vies de familles épanouies avec rires et jeux où chacun joue son rôle. Mais ici, dans le froid et la grisaille et la pluie, ce singe était seul entouré de silence, les bras croisés (songeur?) se grattant régulièrement le visage, les yeux pleins de fatigue et de larmes. Lorsqu'une autre famille est arrivée, avec des petits qui lui hurlaient dessus ou tapaient sur la vitre, cela l'a beaucoup agacé et il s'est mis à taper sur la vitre en signe de protestation. On a beau être rongé par la solitude, cette dernière est toujours préférable à la présence de certaines personnes qui vous importunent. J'ai bien tenté de communiquer avec cet ancêtre, mais aucune réponse en retour. Un regard vide de toute expression. Je l'ai donc laissé là pour poursuivre mon chemin en pensant que de nos jours certaines personnes âgées partagent un destin semblable, fait de solitude, de froid, d'absence. A quoi rêve ce singe? A-t-il quelques regrets? A-t-il une famille? Quelques recherches m'en on appris un peu plus sur la biographie de ce vieux chimpanzé.Pour plus d'infos sur Jojo: http://www.estrepublicain.fr/une/lesnews/art_1186261.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire