mercredi 21 octobre 2009

Pourquoi attendre?

Morceau à sélectionner: Bitter Sweet Symphony - The Verve

Pour quoi attendre et remettre au lendemain? Pourquoi mes dessins faits en cours dormiraient dans un carton avant que je ne me décide à leur trouver enfin de l'intérêt au bout de plusieurs semaines voire des mois? Suis-je déjà trop exigeant alors que le fait même de créer est un petit miracle en soi? Toujours ce travail qui passe avant le reste. Toujours cette crainte de (me) déplaire ou de laisser voir autre chose de plus (trop?) personnel. N'étant qu'amateur je pense avoir un droit à l'erreur, avoir le droit de ne pas être tout à fait satisfait avant de publier quelque chose. Aussi dois-je accepter que mes dessins soient (mal) interprétés... C'est inévitable. Chacun met un peu de lui-même lorsqu'il observe un dessin, un peu comme les tests de Rorschach. C'est à travers les yeux de l'auteur que l'on perçoit le monde, c'est à travers notre regard de spectateur qu'on le perçoit celui qu'on nous décrit. Et puis zut! Un petit dessin vaut mieux qu'un long discours qui n'a peut-être après tout aucun message à délivrer, aucune idée à défendre, aucun propos à illustrer, qui est là un point c'est tout, pour divertir et non interroger, agrémenter nos vie d'images.

jeudi 15 octobre 2009

Nancy

Morceau à sélectionner: Prelude - The Cinematic Orchestra

"Il va nous revenir avec une aquarelle de la place Stanislas ou des esquisses de façades art-nouveau, c'est sûr!", vous êtes-vous peut-être dit. En tout cas ceux qui savaient que j'y allais.
Et bien non. Je ne suis resté qu'une matinée seul et j'ai beaucoup marché afin d'en découvrir un maximum sur cette ville que je ne connaissais pas. L'alternance de pluie et d'éclaircies et le froid m'empêchaient de rester au même endroit trop longtemps. Malgré tout j'ai pu faire un portrait. Et oui, mais de qui?
J'ai fait une rencontre qui m'a beaucoup touchée dans le parc de la pépinière avec un vieux chimpanzé. Il s'appelle Jojo, il a 58 ans (je le sais après avoir effectué une recherche sur internet). Tout d'abord assis me tournant le dos, seul dans sa cage, les idées probablement engourdies par l'heure matinale, immobile, il est ensuite venu à notre rencontre - une petite famille venait de me rejoindre. Après un bref regard inquisiteur il est allé se percher sur sa montagne factice, presque à l'abri des regards. Après être redescendu pour se dégourdir à nouveau les membres, il est reparti dans son antre sur laquelle on avait une vue imprenable en faisant le tour par derrière grâce à une grande baie vitrée. Absolument aucune intimité. Sur les côtés, les plaquettes habituelles sur le mode de vie de l'espèce illustrées de photos. C'est alors que j'ai été envahi d'amertume et de pitié pour cette pauvre créature. Car ces photos représentaient des vies de familles épanouies avec rires et jeux où chacun joue son rôle. Mais ici, dans le froid et la grisaille et la pluie, ce singe était seul entouré de silence, les bras croisés (songeur?) se grattant régulièrement le visage, les yeux pleins de fatigue et de larmes. Lorsqu'une autre famille est arrivée, avec des petits qui lui hurlaient dessus ou tapaient sur la vitre, cela l'a beaucoup agacé et il s'est mis à taper sur la vitre en signe de protestation. On a beau être rongé par la solitude, cette dernière est toujours préférable à la présence de certaines personnes qui vous importunent. J'ai bien tenté de communiquer avec cet ancêtre, mais aucune réponse en retour. Un regard vide de toute expression. Je l'ai donc laissé là pour poursuivre mon chemin en pensant que de nos jours certaines personnes âgées partagent un destin semblable, fait de solitude, de froid, d'absence. A quoi rêve ce singe? A-t-il quelques regrets? A-t-il une famille? Quelques recherches m'en on appris un peu plus sur la biographie de ce vieux chimpanzé.Pour plus d'infos sur Jojo: http://www.estrepublicain.fr/une/lesnews/art_1186261.php

dimanche 4 octobre 2009

Casting

Morceau à sélectionner: Singing in the rain - Mint Royale
En bande dessinée, parmi les étapes incontournables, il y a le casting des personnages. Une fois le scénario en place, comme pour un film, et si l'écriture ne s'est pas faite dès le départ avec des physiques pré-établis, on procède à un casting. Certains dessinateurs leur donnent les traits de leurs proches, d'autres prennent des stars connues du grand public pour incarner les rôles principaux. Cela peut assurer qu'un héros sera identifié immédiatement comme quelqu'un de bon, de méchant, d'invincible, de charmeur, de faire-valoir, d'ambigu selon les rôles qu'il a pu jouer au cinéma ou à la télé. C'est aussi valable pour les héroïnes. Cela peut même servir parodier des scènes de certains films et ajouter de la dérision comme l'a brillamment fait Simon Léturgie (voir lien à gauche sous le nom Regis Moulinet) dans ses albums Spoon and White. Encore faut-il que ces personnalités cohabitent efficacement sur le papier et que leur interaction fonctionne. Des études préparatoires sont nécessaires afin de s'approprier certains de leurs traits et de les faire cohabiter sur le même dessin. Travail de longue haleine.
Sur le dessin d'aujourd'hui, pas un véritable casting car je n'avais aucun rôle précis à leur faire jouer et encore moins ensemble. Le but était juste de m'entraîner, me faire la main et de voir si j'étais capable de reproduire les caractéristiques de leurs visages pour qu'ils soient juste ressemblants. Le découpages de programmes télé s'avère une source de documentation très utile :))